Towards a vernacular architecture


Prof. Pierre Frey, Oscar Tuazon


26.01 - 25.02.2012




























Oscar Tuazon, I can't see (papercrete edition), 2011. Courtesy of the artist and DoPe.



Forde présente une sélection de maquettes d’architecture vernaculaire issues du fonds Learning from vernacular de l’Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), à la charge du Professeur Pierre Frey, ainsi qu’une nouvelle série d’œuvres de l’artiste américain Oscar Tuazon, I can't see (papercrete edition).


15.02.2012, 19h

Vers une nouvelle architecture vernaculaire, conférence du Prof. Pierre Frey


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Towards a vernacular architecture : une chronologie sous forme de bibliographie


En 1923, Le Corbusier publie son livre manifeste Vers une architecture, qu’il ouvre sur un chapitre consacré au volume, illustré d’une séquence de photographies de silos à grains aux Etats-Unis. Ces cylindres dressés synthétisent sa fascination pour une symbiose entre la forme et la fonction autant qu’ils donnent à sa très célèbre définition de l’architecture comme jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière une résonance moderne et visionnaire.


Vers une architecture a été publié en anglais sous le titre Towards a new architecture en 1927. Ce que Le Corbusier donnait à lire dans l’implicite du titre français comme un mouvement vers une forme d’architecture résolument contemporaine est dans la traduction anglaise explicitement teinté du fantasme moderne de la nouveauté. Cet écart, quatre ans après l’édition originale, met en lumière la dimension projective et autoritaire de l’ouvrage. Ce que l’architecte condamne, c’est la régression de l’architecture au travers des répétitions de styles anachroniques. Il célèbre les formes créées par les ingénieurs, issues du calcul, comme émergence d’une architecture de l’esprit.


Bernard Rudofsky publie en 1964 Architecture without architects, en parallèle de l’exposition éponyme qu’il réalise au MoMA. Il souhaite mettre en lumière les qualités architecturales et plastiques, fonctionnelles et technologiques de l’architecture vernaculaire et invite les architectes à dévier leurs regards des dogmes modernistes pour apprendre des marges pré-modernes. Ainsi, il remet en question l’autorité de l’architecte et de sa signature. C’est aussi une façon pour lui de mettre en évidence le manque de documents relatifs à cette architecture sans pedigree.


Deux ans plus tôt et jusqu’en 1992, Frédéric Aubry, professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), constitue une collection de maquettes représentant des modèles d’architecture vernaculaire. En trente ans, le professeur et ses étudiants réalisent près de 700 maquettes. Ce fonds se présente comme une banque de données multiculturelles destiné à alimenter l’imaginaire des jeunes architectes. C’est autant un catalogue des savoir-faire qu’un répertoire de formes, de solution d’intégrations à un écosystème ou à un système social.


En 1968, Robert Venturi et Denise Scott Brown emmènent un groupe d’étudiants à Las Vegas afin de vérifier leurs hypothèses concernant l’émergence d’un nouveau modèle architectural. Le strip caractéristique de la ville, une vaste rue commerciale à parcourir en voiture, constitue la base d’une théorie architecturale basée une observation concrète, inversant la spéculation moderniste liminaire de la tabula rasa. Le livre Learning from Las Vegas : the forgotten symbolism of architectural form qui paraît en 1972 révolutionne l’appréhension ordinaire de la réflexion sur l’architecture autant qu’il bouscule l’establishment de l’architecture héroïque héritée du modernisme. L’ouvrage est un essai iconographique puissant qui emprunte ses méthodes autant à l’anthropologie qu’à des artistes tel que Ed Ruscha.


L’écrivain et architecte anglais Colin Ward s’est illustré par une approche anarchiste de l’architecture et de l’urbanisme, notamment dans son livre intitulé Housing : an anarchist approach, publié en 1973. Il fait le lien entre la démarche anticonformiste de Henry David Thoreau et l’émergence du punk,en s’intéressant par exemple à l’architecte Walter Segal et à l’idée d’habitations à construire soi-même. Colin Ward prolonge ces idées dans l’apologie du squat.


Né en 1975, Oscar Tuazon déclarait dans le Seattle Times du 9 mai 2008 que selon lui, la contre-histoire oubliée du minimalisme était l’architecture DIY qui s’est développée simultanément. L’artiste élabore une pratique qui associe la révolution formelle du minimal art (dans la droite ligne de l’idéologie moderniste) aux modèles alternatifs de housing. Là où les artistes américains des années 70 ont cherché à faire disparaître de leurs oeuvres l’empreinte de la main, Oscar Tuazon superpose l’énergie émancipatoire des mouvements alternatifs. À l’industrialisation de l’œuvre d’art, il oppose un modèle artisanal puisant son matériau dans ce que la société industrielle produit comme rebuts, et se soustrait à l’économie. En 2009, il édite une réimpression du livre Vonu, The Search for Personal Freedom de Rayo. «Vonu» est un terme qui désigne un mode de vie tendant à échapper à la coercition (invulnerability to coercion). À Forde, il montre une nouvelle série de Papercretes, bas-reliefs réalisés selon un mode de construction alternatif qui apparaissent comme des monochromes. Ce béton de papier est ici réalisé en utilisant des exemplaires de son livre I can’t see.


Le Professeur Pierre Frey, responsable des Archives de la Construction Moderne à l’EPFL, a été mandaté par cette école pour valoriser le fonds constitué par Frédéric Aubry. En 2010, il publie un livre intitulé Learning from vernacular : Pour une nouvelle architecture vernaculaire. C’est un manifeste contre l’architecture spectaculaire dominante, outil d’affirmation du pouvoir. L’auteur interroge le rôle social de l’architecte dans un contexte où les cosmogonies traduites dans certaines formes d’architecture vernaculaire sont remplacées par les « visions du monde » que les architectes contemporains vendent à leurs mandataires.


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Pierre Frey (1949) a fait des études d'histoire de l'art, de géographie et de germanistique aux universités de Genève et de Lausanne. Il est docteur en sciences techniques de l'Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne où il est professeur à la faculté de l'environnement naturel, architectural et construit (EPFL, ENAC). Sa carrière s'est articulée autour de la constitution, au sein de cette école, des Archives de la Construction Moderne (ACM) dont il a fait une référence dans ce domaine particulier. Chargé de valoriser le fonds Learning from vernacular. Il est l’auteur du livre homonyme paru en 2010 chez Actes Sud.


Oscar Tuazon (1975) est un artiste américain vivant à Paris, où il a co- fondé le lieu d’exposition Castillo/Corrales. Son travail a été montré dans de nombreuses institutions comme la Kunsthalle de Berne et à l’ICA de Londres en 2010 et a participé à la Biennale de Venise en 2011.